CQDM : Un acteur important de relance économique
pour le Québec et le Canada

Les projets financés par le CQDM sont source d’avancements scientifiques importants, permettent le développement d’innovations qui apportent une valeur considérable aux entreprises participantes et offrent de nombreuses retombées socio-économiques pour le Québec et le Canada. Nous vous invitons à découvrir quelques exemples ci-dessous.

Création d’une plateforme innovante pour développer les thérapies de demain

Mettre à profit des approches novatrices développées au Québec afin de concevoir de nouveaux traitements ciblés applicables à une vaste gamme d’indications thérapeutiques ? C’est le défi qui attendait le professeur Michel Bouvier et ses nombreux partenaires issu(e)s de sept centres universitaires et hospitaliers de la province dans le cadre de l’initiative collaborative d’envergure lancée par l’Institut de recherche en immunologie et en cancer (IRIC) en 2018.

Cancers et maladies cardiovasculaires des therapies novatrices et prometteuses

Le succès de ce projet structurant d’une valeur de 20 M$, soutenu par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) grâce au Fonds d’accélération en santé (FACS) inclus à la Stratégie québécoise des sciences de la vie 2017-2027, reposait sur :

  • L’expertise complémentaire et la créativité des équipes de recherche de l’IRIC, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, du CHU de Québec-Université Laval, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, de l’Université de Sherbrooke, de l’Université de Montréal (MILA) et de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont,
  • La mise en commun de plateaux technologiques à la fine pointe,
  • L’apport financier et scientifique du partenaire biopharmaceutique Bristol Myers Squibb (BMS), ainsi que,
  • Le savoir-faire de l’Unité de découverte de médicament de l’IRIC, dirigée par la professeure Anne Marinier.

Le projet visait à mettre sur pied un programme structurant de portefeuille de projets de développement de thérapies novatrices pour traiter les cancers et les maladies cardiovasculaires.

Cancers et maladies cardiovasculaires : des thérapies novatrices et prometteuses

Quatre ans plus tard, on constate que le défi a été relevé avec brio ! L’initiative a permis l’avancement simultané d’un portefeuille de quatre thérapies novatrices et prometteuses pour traiter des cancers et des maladies cardiovasculaires, lesquelles se situent à différents stades de maturation et poursuivront leur développement vers la clinique.

Plus important encore, cette collaboration d’envergure a généré plusieurs outils innovants et confirmé la validité de nouvelles approches de développement révolutionnaires, créant ainsi une plateforme solide et pérenne pour accélérer le développement de nouveaux médicaments. Ces outils comprennent quelques milliers de molécules conçues et synthétisées en vue d’activités biologiques précises. De plus, un grand nombre de biosenseurs permettant la caractérisation des réponses cellulaires et de méthodes d’analyses associant ces réponses à l’action des centaines de molécules candidates générées ont été développés. L’ensemble de ces outils créent la combinaison gagnante pour le développement continu de candidats cliniques au potentiel novateur qui pourront être développés avec grand intérêt par le partenaire pharmaceutique ou les chercheurs impliqués.

Une innovation scientifique et technologique structurante

En plus de ces outils, le professeur Bouvier et ses partenaires ont su mettre à profit une approche novatrice de sélectivité fonctionnelle (signalisation biaisée des récepteurs couplés aux protéines G) qui permet la création de composés démontrant un profil d’efficacité augmenté par rapport à ceux de médicaments disponibles sur le marché. Un composé phare au potentiel énorme pour traiter les maladies cardiovasculaires a été développé avec cette approche. Il est considéré comme un candidat ouvrant la voie à des études cliniques et disposant d’un potentiel commercial.

Cette nouvelle approche fait maintenant partie de l’arsenal dont dispose la communauté de recherche québécoise pour accélérer l’avancement de programmes de découverte de médicaments plus larges. Ainsi, il sera possible de développer des composés pour une variété de maladies nécessitant de meilleures options thérapeutiques. Ces outils sont même actuellement considérés comme fondement pour la création éventuelle d’une société dérivée, créant ainsi de la valeur et de la richesse pour le Québec à long terme.

Le succès de cette initiative est largement attribuable à la nature collaborative du projet et à l’IRIC avec son modèle unique et hautement efficace pour générer et tester des composés précoces et réduire les risques associés à leur développement. En effet, la recherche et le développement de nouveaux composés est un long parcours à haut risque : sur des milliers de composés développés, seulement quelques-uns se retrouveront sur le marché.

Un potentiel d’innovation en santé à déployer

En concertant les efforts et l’expertise d’une centaine de professionnels et de professionnelles de recherche provenant de plusieurs universités et centres hospitaliers du Québec, tout en tirant profit de la relation étroite de l’IRIC avec l’industrie pharmaceutique, dont l’entreprise BMS partenaire du projet, cette initiative a créé les conditions gagnantes pour développer et identifier rapidement les composés qui ont le plus de potentiel.

Selon le professeur Bouvier, « En plus d’avoir permis le développement de projets conduisant à des thérapies innovantes, la subvention du FACS gérée par le CQDM a assuré la croissance pérenne de l’Unité de découverte de médicaments de l’IRIC qui est au cœur de l’écosystème de l’innovation biopharmaceutique au Québec ».

C’est une quarantaine de professionnels de recherche de l’Unité de Découverte du Médicament de l’IRIC qui ont participé au projet et contribué à son succès. Par ailleurs, le succès de l’initiative a permis d’aller chercher du financement additionnel issu de différentes sources pour plus de 50 M$ permettant d’assurer la pérennité des technologies créées et incluant divers partenariats avec le secteur public et privé, dont Ipsen, ExCellThera, RejuvenRx, Ono et Domain Therapeutics.

Le développement futur d’approches, d’outils de recherche et de molécules candidates développés dans le cadre de l’initiative FACS sera possible grâce au modèle mis de l’avant par l’IRIC, qui s’adapte en fonction des besoins et du stade de développement des innovations en favorisant selon les circonstances la création de partenariats avec des entreprises pharmaceutiques, avec des entreprises en biotechnologies, ou encore en créant directement de nouvelles pousses qui assureront le développement commercial. C’est un modèle de réussite pour le Québec et un atout essentiel pour le secteur biopharmaceutique.

EPITOPEA – Une nouvelle arme contre le cancer

L’histoire d’Epitopea a quelque chose d’exceptionnel : cette jeune pousse portée par l’innovation a rapidement réussi à lever un montant impressionnant en fonds de démarrage afin d’accélérer son impact dans la lutte contre le cancer.

Le CQDM, l’Oncopole, pôle cancer du FRQS et la Société de Recherche sur le Cancer sont fiers d’avoir soutenu des travaux de recherche innovants menés par le Dr Claude Perreault et ses collaborateurs, qui ont permis le développement d’une approche compétitive internationalement et ont contribué à la création de l’entreprise Epitopea, dérisquant du même coup l’investissement nécessaire pour son démarrage.

Epitopea

Distinguer les cellules saines des cellules tumorales – l’approche novatrice du projet mené par le Dr Claude Perreault

Le cancer se propage lorsque le système immunitaire n’arrive pas à éliminer efficacement les cellules anormales. Pourtant, celui-ci a la capacité de combattre les cellules tumorales lorsqu’il reconnaît à leur surface certains antigènes spécifiques de la tumeur (AST) qui sont en mesure de l’activer. Alors, quels sont les AST les mieux reconnus par le système immunitaire? Sont-ils partagés par les personnes atteintes d’un même cancer? C’est ce à quoi souhaitait répondre le Dr Claude Perreault (IRIC) et ses collaborateurs:

« Mon équipe a développé une approche unique et globale qui comprend deux composantes. La première vise l’identification plus efficace et plus précise des AST. La deuxième concerne l’élaboration de nouveaux tests in vitro qui peuvent prédire la réponse immunitaire in vivo. Combinées, ces deux composantes permettent de sélectionner les AST les plus aptes à activer le système immunitaire. »

L’approche de l’équipe multidisciplinaire menée par le Dr Perreault a été utilisée pour identifier des AST prometteurs pour les leucémies myéloïdes aiguës et lymphoïdes aiguës dans le cadre du projet soutenu par le CQDM. En parallèle, d’autres travaux menés par l’équipe ont aussi démontré des résultats encourageants associés aux tumeurs du sein et de l’ovaire. Cette innovation québécoise s’avère donc non seulement efficace dans le cadre de types tumoraux spécifiques, mais aussi applicable à un large spectre de cancers difficiles à traiter.

Du projet de recherche à la création d’entreprise

Fait plutôt inhabituel, les résultats ont très rapidement mené à la valorisation de la propriété intellectuelle développée par l’Université de Montréal et à la création de la compagnie Epitopea, avec le soutien d’IRICoR. La mission de l’entreprise est de rendre disponible de meilleurs traitements contre le cancer en commercialisant des vaccins à base d’AST contre différents types de tumeurs. Cette capacité de procéder rapidement au transfert du savoir et de l’approche est principalement due au caractère grandement innovant des travaux de recherche, qui a été reconnu immédiatement par plusieurs investisseurs en capital de risque.

Comme le mentionne Steven Klein, chef de la direction des affaires d’Epitopea :

« Le fait d’avoir rassemblé des licences au sein d’une entreprise, par la création d’Epitopea, favorise les opportunités de collaboration avec les entreprises pharmaceutiques. En fonction des projets, nous avons le choix de développer des éléments à l’interne ou encore établir des partenariats avec des compagnies pharmaceutiques dans une approche de recherche collaborative. »

D’importants investissements pour créer un impact significatif

Depuis sa création au printemps 2022, la jeune pousse a levé 14 M$ USD en fonds de démarrage, un financement de taille pour l’entreprise. Solidement soutenue par 4 groupes d’investisseurs du Québec et d’ailleurs, l’équipe s’est donné les moyens de ses ambitions.

Grâce aux avancées qui seront réalisées par Epitopea, il deviendra possible de cibler plusieurs AST dans un même traitement pour un type de cancer donné, ce qui permettra d’optimiser et de simplifier les traitements pour les patients. D’autres retombées économiques et sociales positives sont à prévoir alors que l’entreprise a l’intention de continuer d’élargir l’éventail des immunothérapies développées grâce aux nouvelles découvertes réalisées par les chercheurs du Québec.

OPTINA DIAGNOSTICS – Détecter les maladies en utilisant l’oeil

L’Alzheimer touche plus de 55 millions de personnes à travers le monde. Encore aujourd’hui, le diagnostic survient à un stade avancé de la maladie, le plus souvent sur la base de manifestations cliniques observables, alors qu’il est tard pour intervenir.

Serait-il possible de détecter la maladie plus tôt en utilisant l’œil ? Telle était l’hypothèse posée par le professeur-clinicien Jean-Paul Soucy de l’Université McGill et la jeune entreprise Optina Diagnostique, en 2015.

C’est à cette phase critique du développement de l’innovation d’Optina qu’est intervenu le CQDM. Avec le concours de ses partenaires publics et privés, dont la Fondation Brain Canada et de l’Ontario Brain Institute, l’organisme a octroyé un financement de 1,5 M$ permettant à l’entreprise d’établir la preuve de concept clinique.

OPTINA DIAGNOSTICS – DETECTER LES MALADIES EN UTILISANT LOEIL

De l’innovation à l’application thérapeutique

Il faut dire que la technologie de la Caméra hyperspectrale utilisée par l’entreprise québécoise, qui servait initialement pour l’observation des étoiles et applications industrielles, avait un immense potentiel dans le secteur de la santé humaine. À cette époque et encore aujourd’hui, il existe des caméras pour sonder le fond de l’œil, mais aucune n’offre ce niveau de précision au niveau de la résolution des couleurs.

« La technologie d’Optina permet de révéler 92 canaux de couleur spécifiques comparativement aux 3 canaux offerts par les caméras rétiniennes conventionnelles, ce qui apporte une richesse de données inégalée. Il est alors possible de voir des choses qui passaient auparavant inaperçues » renchérit Jean-Philippe Sylvestre, vice-président de la technologie de la jeune pousse.

Cette masse de données ouvre ainsi la voie, à long terme, à l’élaboration de toute une série de tests et d’outils diagnostics complémentaires soutenus par l’intelligence artificielle pour une panoplie d’autres maladies qui se manifestent dans l’œil.

L’effet levier du financement du CQDM

Une fois la preuve de concept clinique obtenue, l’entreprise était en excellente posture pour lever une série de financements additionnels : 4 M$ ronde menée par Zoic Capital en 2018

« Le soutien que nous avons reçu du CQDM nous a aussi permis de structurer l’histoire pour lever du financement additionnel : qu’est-ce que l’on amène comme valeur clinique pour le patient et son médecin ? à quels besoins médicaux répondons-nous, au-delà de l’aspect innovation scientifique ? » ajoute Marie-Claude Marchand, vice-présidente commercialisation et développement des affaires.

Forte de ces appuis additionnels, l’entreprise a pu poursuivre le développement de sa technologie et bonifier son équipe.

En plus d’accélérer le développement d’une technologie québécoise novatrice, ce projet a favorisé la construction de tout un écosystème relationnel : « Nous avons gagné de la crédibilité au contact d’experts comme le Dr Jean-Paul Soucy, la Dre Sandra Black et le Prof. Lesage » explique M. Lapointe.

Les bénéfices pour l’entreprise ont dépassé le cadre financier : la collaboration public-privé a ouvert des portes à l’équipe d’Optina Diagnostique en termes d’accès aux patients et pour la réalisation d’autres projets.

Finalement, les retombées positives pour l’organisation d’ici se traduiront surtout en retombées bénéfiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs proches : en utilisant l’œil comme une fenêtre sur le cerveau pour détecter le statut de biomarqueurs associés à l’Alzheimer, l’équipe d’Optina compte offrir une alternative diagnostique accessible, non-invasive et fiable à un stade précoce. Une potentielle révolution qui paverait aussi la voie de la découverte de traitements innovateurs en soutenant des études cliniques mieux ciblées.

THERATECHNOLOGIES – Améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux

Theratechnologies est une société biopharmaceutique québécoise publique fondée en 1993. Elle connaît du succès en commercialisant des traitements novateurs contre le VIH et développe actuellement un traitement contre la stéatose hépatique non alcoolique (NASH). L’entreprise a récemment bénéficié d’un coup de pouce financier du CQDM, notamment, ce qui lui a permis d’innover dans un nouveau secteur et d’obtenir rapidement des avancées scientifiques.

Après s’être concentrée sur le traitement du VIH pendant plusieurs années, Theratechnologies a fait l’acquisition de Katana Biopharma en 2019, faisant ainsi son entrée dans le secteur de la recherche en oncologie. Katana Biopharma est une spin-off universitaire montréalaise fondée par le Professeur Borhane Annabi de l’UQAM, un expert de renommée mondiale en développement de technologies innovantes en cancer, qui a mis sur pied une plateforme de ciblage de médicaments contre le cancer.

Thertechnologies

Theratechnologies collabore actuellement avec le laboratoire du Professeur Annabi pour tester une nouvelle approche thérapeutique contre les cancers exprimant le récepteur de la sortiline. Ce projet est soutenu financièrement par le CQDM et la Société canadienne du cancer (SCC). Leur approche cible spécifiquement les cellules cancéreuses qui expriment le récepteur de la sortiline, une signature particulière pour plusieurs types de cancers. Leur composé expérimental, le TH1902, est conjugué à un médicament qu’il amène aux tumeurs et où la sortiline sert de porte d’entrée pour que le médicament entre à l’intérieur des cellules cancéreuses. Cela permettrait potentiellement d’améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux et de diminuer les effets secondaires chez les patients.

Leurs travaux ont récemment confirmé l’efficacité in vivo du TH1902 dans plusieurs types de cancers notamment le cancer des ovaires, du côlon, du pancréas, de l’endomètre, de la peau et du sein triple négatif. Ces résultats génèrent beaucoup d’espoir. En effet, les cancers exprimant la sortiline, dont le cancer du sein triple négatif, sont plus difficiles à traiter et sont associés à des risques plus élevés de récidive.

Grâce à cette collaboration, Theratechnologies et le professeur Annabi ont pu mettre en commun leur expertise et se différencier sur le plan des traitements en oncologie. Le financement du CQDM et de la SCC leur a permis de sortir de leur cadre de recherche habituel, d’explorer et de développer des avenues qu’ils n’auraient peut-être pas envisagées. En joignant leurs forces, ils ont pu raccourcir le temps de développement d’une molécule en recherche au premier essai clinique chez les patients atteints de cancer. Ces importantes avancées contribuent au développement potentiel et à la future croissance de l’entreprise. 

FELDAN THERAPEUTICS – Feldan Shuttle

L’entreprise Feldan Therapeutics a développé un outil d’administration de médicaments, la « Feldan Shuttle » permettant d’acheminer de façon ciblée des agents thérapeutiques dans les cellules pour traiter de nombreuses maladies et de même pour les prévenir ou les guérir.

feldan therapeutics logo

En discussion avec des experts du milieu pharmaceutique par l’intermédiaire du CQDM, Feldan Therapeutics a considéré un projet de R&D audacieux proposé par l’un d’entre eux. Le financement du CQDM et de cinq pharmas intéressées par les impacts que pourrait avoir l’étude a permis de démarrer et de réaliser un projet de recherche exploratoire très risqué, mais très profitable. D’ailleurs, les résultats de ce projet suscitent déjà beaucoup d’intérêt de la part de l’industrie pharmaceutique qui pourrait tirer profit d’un tel outil d’administration de médicaments pour augmenter l’efficacité de traitements existants.

Grâce au mentorat offert par les leaders d’opinion scientifique du milieu pharmaceutique, les entreprises ont profité de judicieux conseils pour orienter le développement d’innovations en fonction des besoins des marchés internationaux, en plus de positionner leur technologie très tôt parmi les géants du développement pharma. Les liens et les partenariats établis avec des pharmas créent de la valeur pour une entreprise en permettant l’établissement de nombreuses collaborations lucratives, par exemple en adaptant une technologie précise aux besoins spécifiques de l’industrie pharmaceutique, ce qui favorise des collaborations futures avec des pharmas qui contribuent au développement corporatif de l’entreprise.

NMX RESEARCH AND SOLUTIONS – Plateforme de découverte de médicaments

Même si la stratégie FBLD, pour « fragment-based lead discovery », est l’une des plus prometteuses pour la découverte de futurs composés médicaux, il existe toujours des obstacles qui découragent à ce jour l’industrie de poursuivre cette approche. En collaboration avec Sacha Larda (NMX Research and Solutions) et Michael Serrano-Wu (3 Point Bio), le professeur Steven Laplante a lancé un projet pour solutionner ces problématiques.

Ensemble, les chercheurs ont bonifié une plateforme de découverte de médicaments permettant d’identifier des médicaments candidats à partir de fragments moléculaires. Chaque étape de la FBLD a été revue et améliorée grâce à la redéfinition des stratégies fondamentales employées à la fois dans l’industrie et dans le monde universitaire pour la découverte et l’optimisation de nouvelles molécules thérapeutiques. En comparaison avec d’autres méthodes de découverte de médicaments fréquemment utilisées, la plateforme développée dans le cadre de ce projet permet de réduire considérablement l’identification de faux positifs, permettant de diminuer les coûts de plus de 30 % en comparaison avec les méthodes conventionnelles. La recherche peut donc être concentrée sur le développement des candidats avec le meilleur potentiel thérapeutique, tout en évitant un gaspillage de temps et de ressources considérables.

Plus de 20 articles scientifiques et deux demandes de brevets, une soumise par le professeur Laplante et l’autre par NMX, témoignent aussi du succès de l’initiative.

NMX research

Les retombées économiques tangibles pour l’industrie

Les méthodes développées par le professeur Laplante et ses collègues ont été ajoutées à l’offre de service de l’entreprise NMX Research and Solutions, lui permettant ainsi d’accroître sa compétitivité. La plateforme permet maintenant à plusieurs entreprises d’innover en accélérant la découverte du médicament. Ce service est actuellement utilisé par plus de 12 compagnies canadiennes, dont l’entreprise montréalaise Repare Therapeutics qui recourt aux services de recherche contractuelle de NMX depuis 2019.

En parallèle, les revenus de NMX ont connu une augmentation de 200 % entre 2017 et 2021 avec un équivalent de 20 à 30 % de croissance par an. Dans un laps de temps similaire, elle est aussi passée de 8 employés en 2018 à 15 en 2022.

Le projet a également eu des résultats positifs pour le partenaire 3 Point Bio, qui a utilisé les nouvelles stratégies FBLD dans son programme de recherche pour découvrir des fragments et des composés de candidats pour des cibles multiples.

Un pont entre les deux univers que sont l’industrie et le milieu académique

Un autre avantage découlant de ce projet collaboratif est la formation de personnel hautement qualifié et spécialisé. En effet, tout au long du projet, plusieurs étudiants et étudiantes ont été formés et ont développé des compétences très recherchées. D’ailleurs, au moins huit d’entre eux ont été embauchés au sein d’entreprises à la fin de leurs études, répondant ainsi aux besoins de main-d’œuvre qualifiée de l’industrie.

Un appui financier important pour la recherche translationnelle

Enfin, le projet du professeur Steven Laplante n’aurait pas vu le jour sans l’implication financière du CQDM à travers le programme SynergiQc, de l’apport des PME NMX Research and Solutions et 3 Point Bio, du milieu de la recherche par le biais de l’INRS et du soutien de Mitacs et du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

IMMUNE BIOSOLUTIONS – Développement de projets d’anticorps thérapeutiques

Lors de son lancement en 2012, Immune Biosolutions était spécialisée dans la production d’anticorps à des fins de recherche. Cependant, l’entreprise, hébergée par l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke, souhaitait explorer une transition vers le développement de projets d’anticorps thérapeutiques.

Dans le cadre de son programme SynergiQc, le CQDM a accordé un financement à Immune Biosolutions, ce qui lui a donné l’élan nécessaire pour initier des projets d’immunothérapie contre le cancer. En partenariat avec des chercheurs seniors de l’Université de Sherbrooke, les professeurs Fernand Gobeil Jr, Philippe Sarret et Fernand-Pierre Gendron, la jeune entreprise a lancé des programmes visant à développer des anticorps thérapeutiques ciblant deux récepteurs membranaires d’une famille impliquée dans la progression de nombreux cancers, les récepteurs couplés aux protéines G.

« Le soutien du CQDM nous a aidés à établir notre crédibilité, à susciter un intérêt considérable pour notre technologie et à établir des partenariats avec des entreprises pharmaceutiques de renommée mondiale. » Frédéric Leduc, Directeur des affaires commerciales, Immune Biosolutions.

Immune Biosolutions

Grâce à l’élan généré par le modèle de recherche collaborative du CQDM, Immune Biosolutions a connu une augmentation marquée de sa croissance. Non seulement les candidats anticorps ont progressé vers l’établissement d’une preuve de concept en passant au stade du développement préclinique, mais le financement a également permis à l’entreprise de développer plusieurs plates-formes innovantes :

  • Une plateforme performante de production d’anticorps recombinants ;
  • La production d’antigènes peptidiques tridimensionnels prenant en compte la complexité et la conformation des cibles thérapeutiques ;
  • Un criblage à haut débit des anticorps capable de mesurer l’affinité des anticorps pour la cible ainsi que leur effet sur l’activité cellulaire.

Ces avancées ont permis à Immune Biosolutions de renforcer ses capacités de développement d’anticorps thérapeutiques, ce qui a été un facteur crucial permettant l’établissement d’un programme clinique contre la COVID-19 à une vitesse remarquable ! En seulement quelques mois, l’entreprise a développé une immunothérapie révolutionnaire contre la COVID-19 et a lancé des essais cliniques de phase I en Afrique du Sud.

Le CQDM a contribué à la position positive et à la crédibilité d’Immune Biosolutions dans l’industrie, ce qui a abouti à des partenariats avec de grandes entreprises pharmaceutiques et à une nouvelle levée de fonds pour poursuivre ses activités de développement.

La recherche collaborative, au cœur du modèle de financement du CQDM, a propulsé cette entreprise d’anticorps de recherche basée à Sherbrooke pour en faire une entreprise de développement de médicaments hautement crédible et prometteuse, bien positionnée pour devenir un acteur clé dans ce domaine concurrentiel.

La création d’un pôle mondial en recherche clinique et en médecine de précision

Lancée dans le cadre du 1er concours du programme FACS, cette initiative, d’une valeur de 17,45 M$, est subventionnée par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) à hauteur de 6,45 M$ et cofinancée par des partenaires privés, dont la compagnie québécoise DalCor Pharmaceutiques, les entreprises biopharmaceutiques mondiales AstraZeneca, Bayer Inc. et Pharmascience, ainsi que la Fondation de l’ICM.

Pilotée par le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal, l’initiative s’appuie sur un réseau de près d’une centaine d’experts pluridisciplinaires issus du secteur industriel et du milieu universitaire, de même qu’un réseau multicentrique d’hôpitaux québécois. Elle vise à créer un pôle mondial en recherche clinique et en médecine de précision dans le domaine cardiovasculaire, puis de l’étendre à d’autres domaines tels que l’oncologie et la neurologie.

Plusieurs technologies innovantes ont déjà été développées dans le cadre du projet, lancé en 2018. Parmi celles-ci, une plateforme fédérée de données intégrant les résultats de plus de quatre-vingt-dix essais cliniques, qui inclut des données génomiques et cliniques de 675 000 patients. Également, des outils analytiques et statistiques s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA) ont été développés pour soutenir le développement d’essais cliniques en médecine de précision. Ces outils permettent, entre autres, de confirmer le potentiel de cibles thérapeutiques, en prédire les bénéfices et de cibler les groupes d’individus les plus à même de bénéficier d’un traitement, incluant :

  • l’outil bio-informatique ExPheWas pour un accès aux résultats de plus de 24 millions de tests liant gènes et mesures cliniques et à des outils permettant l’interprétation des résultats ;
  • l’outil web PheWeb pour une visualisation rapide des résultats des associations pangénomiques effectués sur les données de la plateforme de données ;
  • un outil d’intelligence artificielle (IA) avec réseau de neurones pour réaliser des découvertes génomiques avec davantage de sensibilité que les tests utilisant des statistiques classiques.

Ces outils de pointe, maintenant disponibles à l’ensemble de la communauté scientifique, suscitent déjà l’intérêt de groupes universitaires et du secteur privé, qui utilisent désormais des outils similaires, pour revisiter des données d’études cliniques de grandes cohortes populationnelles afin d’optimiser le temps et les ressources investis dans les programmes de découverte de médicaments.

Attirés par l’expertise et les innovations développées par le réseau, de grands groupes pharmaceutiques internationaux font désormais le choix de mener leurs études cliniques au Québec. Plus de 20,5 M$ en financements additionnels publics et privés ont été investis depuis le lancement du projet et quatre nouveaux essais cliniques en médecine de précision ont été lancés. L‘étude COLCOT (COLchicine Cardiovascular Outcomes Trial), coordonnée par le Centre de Coordination des Essais Cliniques de Montréal (MHICC), est l’illustration même de ce succès. L’étude a permis de démontrer les bénéfices de la colchicine chez les patients victimes d’un infarctus du myocarde. En août 2021, l’utilisation de la colchicine a été approuvée par Santé Canada pour le traitement des patients avec une maladie coronarienne existante. Le médicament est depuis entré dans les directives européennes de la Société européenne de cardiologie pour la prévention des maladies cardiovasculaires. Cela est un exemple remarquable de repositionnement d’un médicament générique facilement disponible et peu coûteux, jusqu’alors prescrit dans le traitement de la goutte et la péricardite.

Selon le Dr. Jean-Claude Tardif, « Cette initiative a permis à notre groupe de partenaires académiques et commerciaux de tester des traitements personnalisés et d’ajouter un médicament repositionné à l’arsenal pour réduire le fardeau des maladies cardiovasculaires. En donnant de nouvelles vocations thérapeutiques à des médicaments bien connus, nous pouvons générer de façon efficace, en termes de délais et de coûts, un impact positif sur la santé des Canadiens. L’indication cardiovasculaire de la colchicine qui a été approuvée par Santé Canada contribuera à changer la pratique médicale, aidera les patients avec maladie coronarienne et sauvera des coûts aux systèmes de soins. Sans le financement des programmes FPQIS et FACS du gouvernement du Québec, l’étude clinique académique COLCOT n’aurait pas pu être menée à terme. Nous sommes très fiers de cette réalisation exceptionnelle qui se veut le fruit des efforts de chercheurs, d’institutions et de financeurs du Québec. »

Des études pharmacogénomiques, dirigées par la professeure Marie-Pierre Dubé, directrice du Centre de pharmacogénomique Beaulieu-Saucier de l’Université de Montréal basé à l’Institut de cardiologie de Montréal, se poursuivent dans le cadre de l’initiative FACS et ont déjà permis de découvrir des marqueurs génétiques ayant un impact sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments. Les résultats de ces études permettent même d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour les maladies cardiovasculaires.

Autre retombée pour le Québec : Le réseau attire des experts internationaux de renom en sciences et en santé. Le transfert de connaissances et le mouvement des talents, encouragés au sein de l’écosystème québécois, favorisent la formation de la relève en santé et de profils « hybrides ». Des jeunes talents à même d’appréhender à la fois les défis de l’intelligence artificielle, qui représente un potentiel d’innovation majeur, et ceux de la recherche en santé ont ainsi été formés dans le cadre de l’initiative FACS. La valeur créée est immense pour le Québec, qui bénéficie désormais d’experts dont la double compétence peut être mise à profit pour la découverte et le développement de médicaments.